La Rafle
Ca commence comme un gag, lecteur(-trice)....
Petit séjour en province (vive la retraite !)
j'entre dans un "complexe cinématographique" que je ne connais pas.
A la caisse, je demande une place pour Immortel,
histoire de me détendre devant un bon polar sanguinolent, d'après mes infos.
"- Salle 6, première à droite" me lance sèchement
la revêche caissière que je dérange visiblement.
Je remballe ma cotte de mailles
et une réplique aussi sarcastique qu' inutile ....
je me dirige vers la salle en question.
Je pousse la lourde porte à deux battants,
la première à droite,
tout en remarquant un 6 dessiné à la façon d'un 5.
Et je me dirige comme je peux dans la pénombre de la salle
éclairée par les lueurs de quelques pubs sur l'écran.
Pas grand monde... c'est un lundi après-midi...
ok, j'arrête de te narguer, lecteur(-trice),
qui bosse pour payer nos retraites....
je m'assieds et j'attends mon thriller...
Sur l'écran je vois le nom de Jean Réno;
parfait; et............. des images de Paris en 1942;
tiens.... bizarre !!!!!!
et, suite du générique, le titre du film : LA RAFLE...
les étoiles jaunes sur les vêtements des parisiens....
J'avais pourtant décidé de ne pas voir ce film,
car cette période de la deuxième guerre, je la connais
au cinéma, dans les romans et dans les livres d'histoire....
et en tant que professeur de français,
j'ai passé bien du temps à sensibiliser mes élèves de troisième
à l'horreur des deux guerres du XXème siècle,
aux souffrances des soldats, des civils, des pauvres gens livrés à la barbarie...
Les films, les romans, les chansons,
les lettres d'adieu de jeunes gens fusillés, lues au Mont Valérien,
directement par des collégiens à leurs camarades,
en situation et non pas sur commande officielle......
tout ça je l'ai fait en y mettant mon coeur et la force de mes convictions.
Donc pas La Rafle !!!!!!!!! ????
Et pourtant, lecteur(-trice), je suis restée,
je n'ai pas changé de salle,
séduite par les images légères des parisiens jeunes, vieux, enfants,
séduite par ce que montre si bien la réalisatrice Roselyne Bosch
de la vie avant la rafle du Vel D'Hiv.
Je suis restée et j'ai pleuré....
D'émotion devant l'infirmière (Mélanie Laurent) et le médecin (Jean Réno)
qui se dévouent sans compter,
et devant les actes courageux de certains français.
De tendresse et de compassion pour ces pauvres gens, ces enfants.
De honte et de colère devant Pétain, ses acolytes,
les gendarmes, les français “cons” et bourreaux.
Comment peut-on traiter ainsi des êtres humains ?
Comment peut-on prendre de telles décisions ?
Comment peut-on obéir à des ordres infâmes ?
Et aussi de peur, de peur que recommencent ces agressions barbares,
ce harcèlement, cette inhumanité....
ce qui a existé voilà 68 ans,
qui existe ailleurs dans le monde,
et qui pourrait se reproduire chez nous si on n'y prend pas garde
quelle que soit la minorité opprimée !!
C'est un film extraordinaire,
qui montre avec beaucoup de sensibilité
les moments de joie, de vie simple et heureuse,
et les atrocités que des fous de pouvoir peuvent décider...
UN FILM A VOIR ET SURTOUT A MONTRER AUX JEUNES D'AUJOURD'HUI
Alors, mes ex-collègues, professeurs de français, d'histoire et autres.....
il faut absolument prévoir
si ce n'est pas déjà fait
une sortie cinéma
pour vos élèves de troisième qui étudient cette période en cours.....
On vous dira que cela va encore une fois
compliquer la vie de l'établissement,
(surtout la vôtre d'ailleurs)
supprimer quelques indispensables heures de cours,
mais, vous et moi nous savons bien que
ce sera plus efficace pour qu'ils comprennent et se souviennent.....
pour en faire des êtres humains dignes de ce nom.
Merci à Roselyne Bosch, aux magnifiques acteurs et figurants .....